La ruche de biodiversité

On entend beaucoup parler de cette ruche mais comment la définir ?

Lorsqu'on acquiert une ruche, on se dit que l'on agit aussitôt pour la biodiversité, je pense que cela mérite débat mais ce n'est pas le but de cette page. Ce qui nous intéresse ici est la différence entre une ruche classique et une ruche dite de biodiversité, ou ruche refuge comme j'aime les nommer.

 

Tout d'abord il faut savoir que le terme a pris de l'ampleur à partir de la sortie du livre de Bernard Bertrand "ruches de biodiversité" dans lequel il explique l'origine de cette expression.

C'est en fait un bel hommage à Monsieur Gilbert Veuille qui bien avant l'heure se posait des questions quant à la justesse de l'habitat proposé en apiculture moderne et souhaitait proposer une ruche permettant à la colonie d'essaimer régulièrement et donc de produire des essaims naturels plutôt qu'artificiels. Gilbert Veuille a alors conçu un modèle de ruche répondant à ses recherches qu'il baptisa "ruche de biodiversité"

 

 

On pourrait donc essayer de définir les critères de ces nichoirs ainsi :

 

 

  • Un habitat de petit volume, correspondant à celui trouvé chez les colonies sauvages soit moins de 40 litres, permettant un essaimage fréquent afin de perpétuer l'espèce et surtout un moyen de défense naturel et efficace contre le varroa.
  • Un refuge qui ne servira pas à la production de miel pour l'Homme, celui qui y sera produit nourrira les abeilles y logeant. Le fait de ne pas faire varier le volume de la ruche en saison pour produire du miel créer un équilibre parfait entre le niveau de réserve et la population d'abeilles. Plus on donne de place aux abeilles plus elles sont nombreuses et plus elles récoltent de nectar pour subvenir à leurs besoins hivernaux. Ainsi une ruche de production atteint les 50 000 / 60 000 abeilles en saison avec plusieurs hausses à miel puis quand la récolte arrive les apiculteurs ne laissent quasiment que le corps de ruche et les réserves sont alors souvent insuffisantes (ce qui est souvent le cas avec certains modèles) du coup les abeilles sont nourries artificiellement l'hiver. Une colonie sauvage dépasse rarement les 25 000 abeilles.
  • Une ruche jamais ouverte où les abeilles de ce fait ne ressentent aucun stress et où la propolis véritable médicament et assainissant de la ruche n'est jamais cassée ou grattée.

 

Nous pouvons dire que ces 3 points sont déjà une bonne base pour ceux qui n'auraient pas la possibilité d'offrir mieux mais l'idéal est :

  • D'augmenter le niveau d'isolation latérale et au plafond pour s'approcher de celle des arbres, les ruches conventionnelles proposent des planches de 25 mm alors qu'un tronc d'arbre creux a en moyenne 15 cm d'épaisseur.
  • De placer la ruche en hauteur dans un arbre pour recréer les conditions naturelles.
  • De faire une entrée circulaire pour une meilleure gestion du rétrécissement de celles-ci par les abeilles et retrouver une forme naturelle.
  • De proposer un "ecofloor", ou plancher en composants naturels (copeaux de bois, champignons...).
  • Un intérieur rond ou tendant vers la forme circulaire.
  • Un intérieur fait d'aspérités pour qu'il soit recouvert de propolis.

 

Ces derniers critères sont des idéaux vers lesquels il faut tendre cependant si vous réservez une ruche de petit volume à la vie en totale autonomie pour vos abeilles ce sera déjà un excellent début.

 

Les ruches se prêtant facilement à devenir des ruches de biodiversité sont la ruche Warré sur deux éléments, la ruche tronc, la ruche paille. Nous avons travaillé sur la ruche refuge avec mon ami Jean-François Beaud et nous travaillons actuellement sur une version allégée pour permettre à tout un chacun d'offrir une ruche de biodiversité facilement intégrable dans son jardin. Adam Wright propose également la ruche Custos qui reprend ces critères (dernière ruche dans la série ci-dessous).