DES ESSAIMS NATURELS

Lorsque l’on débute en apiculture, l’une des premières interrogations qui nous vient à l’esprit est : comment vais-je me procurer un essaim ? Rapidement votre entourage ou vos recherches sur Internet vous amènerons probablement à commander un essaim chez un professionnel, mais est-ce vraiment la meilleure solution ? Voyons ensemble les autres possibilités qui s’offrent à vous.

Essaim d'abeilles naturel dans un arbre

SE PROCURER UN ESSAIM.

 

Pour vous procurer des essaims il existe trois possibilités : achetez un essaim auprès d’un revendeur, capturer un essaim ou encore le cadeau attentionné d’un ami apiculteur.

Comme vous pouvez le deviner dans le titre de cet article, je ne vous recommande pas la première solution. Aujourd’hui, la commercialisation d’essaims est une activité économique à part entière. Si elle peut se justifier pour les apiculteurs professionnels, je ne vous invite vraiment pas à faire ce choix lorsqu’il s’agit d’une activité de loisirs et surtout dans un but de préservation de la biodiversité.

Tout d’abord, si vous sortez du format standard « Dadant », il vous sera difficile d’acheter un essaim bien que les revendeurs se diversifient afin d’accéder au marché des particuliers qui s’orientent vers de nombreux formats alternatifs. Si vous achetez un essaim sur cadres Dadant, dans la majorité des cas il proviendra de la division d’une colonie populeuse de l’année précédente en prélevant des cadres occupés par les abeilles ou bien pire d’un essaim nu, c’est à-dire une colonie que l’on aura brossé de ses rayons. D’un point de vue financier les prix sont d’une bonne centaine d’euros jusqu’à des prix indécents souvent sans justification. Alors bien évidemment l’argument pourrait être de préserver l’espèce avec l’achat d’essaim de « pure souche »… Mais n’oubliez pas une chose, si sur place vous avez des abeilles hybrides, l’année suivante une fois que votre reine aura essaimée, la reine vierge qui lui succèdera s’accouplera avec les mâles hybrides des environs, ce choix sera vain dès la seconde année.

Bien que les méthodes puissent varier et sans faire d’anthropomorphisme, si votre souhait est de venir en aide aux abeilles avant tout, votre premier contact avec les abeilles ne devrait pas cautionner une méthode qui leur engendre un stress. Une division, aussi respectueusement qu’elle soit réalisée n’est pas une méthode naturelle. C’est pour cela qu’elle est nommée essaimage artificiel. Généralement pratiquée pour éviter l’essaimage naturel et ainsi réduire le risque de « perdre » un essaim, il s’agit de séparer en deux une colonie en équilibre qui suit paisiblement son destin visant à assurer la survie de l’espèce. Les deux parties se retrouveront amputées de la moitié de leurs consœurs, du couvain et des réserves de miel, sans comprendre pourquoi. L’une des deux se retrouvera orpheline privée de sa reine, on peut imaginer mieux comme méthode respectueuse du vivant.

C’est bien là toute la différence avec un essaimage naturel. Lors d’une division le choix ne vient pas des abeilles et pourtant qui mieux qu’elles, pratiquant ce phénomène « magique » depuis des millions d’années, est plus apte à savoir quand est le meilleur moment pour essaimer ? Pour ma part, je n’ai jamais pris de plaisir à faire des essaims artificiels, pour cette raison j’ai totalement abandonné cette méthode surtout qu’il y a des moyens bien plus simples de récupérer des essaims.

Je vais vous présenter des méthodes différentes ; mais avant cela, si à proximité de votre domicile il y a un sanctuaire d’abeilles noires ou même un apiculteur professionnel qui travaille avec une souche bien définie d’abeilles, par respect pour son travail, il va de soi qu’il est préférable de ne pas participer à l’hybridation de la souche en faisant venir un essaim aux caractéristiques génétiques très différentes, ce serait prendre un mauvais départ avec votre voisinage.

S’il s’agit de votre premier essaim, le recevoir d’un parrain apiculteur est un beau geste, mais encore une fois je ne peux que vous inviter à lui demander un essaim naturel, le dynamisme dont ce dernier bénéficiera lors des premières semaines est sans comparaison avec un essaim artificiel. Assurez-vous que cet apiculteur habite à proximité de vous afin que sa souche soit adaptée à votre environnement. Si vous ne connaissez personne pouvant vous en faire don, alors il faut vous lancer dans la belle aventure de la capture d’essaim.

LES RÉSEAUX DE CUEILLEURS D’ESSAIMS.

Essaim d'abeilles capturé dans un panier en paille

 Je vous invite à capter ou capturer des essaims proches de chez vous, ils n’en seront que mieux adaptés à votre flore et à la météo locale. Si je prends le cas de mon département (les Hautes-Pyrénées) le climat au nord de mon département, souvent chaud et sec n’a rien à voir avec le mien sur le piémont, humide, moins en soleillé et plus frais. Commencez par parler à un maximum de personnes de votre activité en expliquant que vous pouvez vous déplacer si un essaim vient se reposer dans leur jardin, vous serez surpris du nombre de personnes qui vous répondront qu’en effet chaque année un essaim vient sur les branches de leur pommier. Un réseau très efficace est celui des cueilleurs d’essaims, vous trouverez très facilement sur Internet des sites annuaires d’apiculteurs disponibles par département pour récupérer les essaims chez les particuliers.

Souvent lorsque l’on débute on se sent incapable d’une telle pratique et pourtant cela est bien plus simple qu’il n’y parait. Bien évidement lors de votre première capture n’allez pas tenter de sortir un essaim dans une cheminée à 10 mètres de hauteur ! Je me rappellerai toujours de mon premier essaim : c’était chez une dame très aimable, une maison dans un lotissement, l’essaim était posé dans un rosier à hauteur d’homme, j’ai coupé la branche, placée celle-ci dans la ruche et c’était terminé. Lors de l’appel téléphonique du particulier, collectez un maximum de renseignements et n’hésitez pas à refuser si l’intervention vous semble trop compliquée, cette personne appellera l’apiculteur suivant sur la liste et vous pourrez patienter pour un appel avec une configuration plus aisée.

Il y a de nombreux avantages à utiliser ce réseau, tout d’abord cela vous fera un très beau souvenir, vous ne pouvez pas être certain de la provenance de cet essaim, mais vous savez qu’il est adapté à la zone géographique dont il provient, puisque issu d’une colonie qui a réussi à passer l’hiver et possède une reine qui a été suffisamment dynamique pour mener sa colonie à l’essaimage. Bien évidement, il provient d’un essaimage naturel, le moment est alors optimal puisque choisit par les abeilles (sauf si c’est un essaimage en juilllet/août, il pourrait être trop tardif pour que la colonie soit prête à affronter l’hiver), le stress est minimal si vous êtes délicat dans votre cueillette, enfin il est gratuit.

Si votre emploi du temps ne vous permet pas d’être disponible pour récolter un essaim chez un particulier ou récupérer celui échappé d’une de vos ruches, il existe alors selon moi la méthode la moins chronophage, la plus naturelle, qui plus est très efficace : la mise en place d’une ruche vide qui accueillera l’essaim de passage, on l’appelle communément ruche piège mais d’autres lui préfère la dénomination de ruche appât, d’accueil ou autres termes plus pacifiques. L’article qui suit donne les raisons et la méthode pour préparer ce type de ruches. 

 

Cet article était initialement dans le numéro 10 de la revue Abeilles en liberté à laquelle je contribuais.

Dans le prochain article nous verrons comment attirer un essaim.